ROSALIE – « Bonjour. Je m’appelle Rosalie. J’ai maintenant 17 ans. L’an dernier, j’ai voulu quitter ma famille et aller vivre chez une dame avec qui j’avais un bon lien. J’ai dit à une intervenante de mon école que je voulais tuer mes parents. Je lui ai fait part de mon plan précis pour arriver à mes fins. Je n’avais pas réellement l’intention de le faire, je voulais juste partir de la maison. Mais mes menaces ont vraiment été prises au sérieux et ont entraîné une série d’interventions. »
INTERVENANT – À la suite de ces menaces, Rosalie a été hébergée dans un centre de réadaptation, sous le couvert de la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle a refusé pendant plusieurs mois de voir ses parents. En lien avec ces menaces, elle a aussi été détenue provisoirement en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA). Après cette détention provisoire, elle a été libérée avec des conditions à respecter. Lors de sa comparution devant le tribunal, le juge a souhaité que la possibilité d’appliquer une sanction extrajudiciaire soit évaluée.
Lorsque nous évaluons le dossier de Rosalie pour vérifier si une sanction extrajudiciaire peut s’appliquer à son cas, la jeune fille est hébergée dans un centre de réadaptation depuis plus de huit mois et elle recommence tout juste à avoir des contacts avec ses parents. Elle a déjà fait un long cheminement et a eu tout le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes. C’est une jeune femme autonome et responsable. Elle fréquente la polyvalente, où elle est en secondaire 5. Elle a un emploi à temps partiel. L’adolescente possède de belles habiletés sociales. Elle évolue positivement dans l’ensemble des sphères de sa vie, ce qui nous amène à penser qu’une sanction extrajudiciaire serait pertinente.
R – « Depuis les événements de l’an passé, je crois que j’ai beaucoup cheminé. J’éprouve du regret et de l’empathie face aux conséquences de mes gestes. Les interventions réalisées au centre m’ont aidée à voir plus clair. Je comprends un peu mieux ce qui m’a poussée à poser les gestes que j’ai commis. Lorsque la déléguée à la jeunesse m’a informée que mes parents souhaitaient une mesure de médiation dans le contexte d’une sanction extrajudiciaire, j’ai accepté. Avant la rencontre, j’étais très anxieuse, mais avec la médiatrice d’Équijustice, tout s’est très bien déroulé. Cela nous a permis de revenir sur les événements et d’aborder les conséquences de mon geste sur toute la famille. J’ai donc accompli avec succès ma sanction extrajudiciaire. Toute cette histoire a eu un impact sur mes choix de vie : je termine mon secondaire 5; je souhaite maintenant aller au cégep et faire une technique en éducation spécialisée. J’ai vu comment les éducateurs ici m’ont aidée à reconnecter avec moi-même; je me vois évoluer et j’aimerais aider d’autres jeunes à faire la même chose.
« Ce qui a été le plus difficile pour moi dans toute cette expérience, et en même temps le plus bénéfique, c’est le processus de médiation avec mes parents. De faire les premiers pas, de les revoir après ce qui était arrivé, j’ai failli renoncer. Mais ça a été la meilleure chose que j’ai faite et ça a permis de régler bien des choses. »