TOMMY – « J’ai maintenant 17 ans, De l’âge de 13 ans à 15 ans, j’ai commis des agressions sexuelles sur ma sœur cadette, qui avait 11 ans lorsque les abus ont commencé.
« Les agressions avaient cessé quelque temps avant que ma sœur me dénonce. Après mon arrestation, j’ai bénéficié d’une liberté provisoire assujettie de certaines conditions, afin de protéger ma sœur. En juin 2021, j’ai été déclaré coupable d’agression sexuelle et d’inceste.»
INTERVENANT – Dans ce cas, un rapport prédécisionnel a été demandé. Finalement, en novembre 2021, considérant que Tommy n’avait pas d’antécédents judiciaires, le juge de la Chambre de la jeunesse lui a imposé une peine de 18 mois de probation avec suivi, ainsi que l’obligation de faire un don à un organisme de charité de son choix.
T – « Nos parents se sont séparés alors que nous étions en bas âge. Chacun de leur côté, ils ont refait leur vie. Les relations entre mes deux parents ont toujours été chaotiques. La situation d’agression n’a fait qu’envenimer les relations entre eux et entre moi et ma mère. Depuis tout jeune, je n’ai pas eu la vie facile; j’ai connu des difficultés importantes sur le plan familial et scolaire. Mes problèmes de consommation ont débuté dès l’âge de 13 ans. J’étais oisif depuis un certain temps. Maintenant, mes principaux défis sont la gestion de mes émotions et de mes pulsions agressives. »
INT – Depuis le prononcé de sa peine, Tommy a fait un beau cheminement. Il faut dire que tous les moyens ont été mis de l’avant pour l’amener à faire une réflexion en profondeur sur ses gestes et sur sa vie. Tout d’abord, il a participé à un suivi thérapeutique sur les comportements sexuels problématiques assuré par un organisme de sa région, qui offre des services aux victimes et aux auteurs de délits à caractère sexuel. Le programme pour adolescents compte 20 séances hebdomadaires en groupe dont les objectifs sont d’aider l’adolescent à comprendre ce qui l’a amené à poser les gestes reprochés et de prévenir toute récidive. Il vise aussi à aider l’adolescent à développer ses habiletés sociales et à briser son isolement.
Tommy a bénéficié d’un suivi psychologique offert par le CISSS, afin de travailler les enjeux relationnels familiaux.
Aussi, la déléguée à la jeunesse qui a assuré le suivi probatoire de Tommy a appliqué à son égard le programme PACIS (Pour les Adolescents Ayant Commis des Infractions Sexuelles). Élaboré au Saguenay–Lac Saint-Jean, il a été élargi à plusieurs régions du Québec et comporte un cahier des activités réalisées individuellement avec l’adolescent, afin d’approfondir son cheminement. Dans le cas d’une mesure probatoire, le rôle de la déléguée consiste à s’assurer que l’adolescent respecte bien les conditions qui lui sont imposées, mais aussi à l’aider dans son cheminement afin d’améliorer ses habiletés sociales et de diminuer le risque de récidive.
La déléguée à la jeunesse a aussi organisé une rencontre de réparation entre Tommy et sa jeune sœur. Cette mesure représente une étape importante de reconnaissance de responsabilité pour l’agresseur qui a pour but de redonner du pouvoir à la victime, ce qui, normalement, a un effet apaisant.
T – « Aujourd’hui, je me sens bien. J’apprends à vivre dans ce nouveau style de vie. Je travaille, je consomme moins et j’ai une relation amoureuse stable.
« Pour moi, la clé, c’est foncer, un pas à la fois; persévérer, ne jamais arrêter d’évoluer. Au début, j’étais méfiant, je n’aime pas recevoir de l’aide. Je n’ai pas eu le choix, avec le cadre juridique. Ma déléguée m’a aidé à comprendre beaucoup de choses, avec sa psychologie de bottines. J’ai été capable d’être respectueux des lois pendant 18 mois; je serai capable de l’être toute ma vie. »
INT – Des enjeux familiaux demeurent, mais le risque de récidive paraît maintenant très faible. Tommy sera également référé par sa déléguée à différents organismes qui offrent des services thérapeutiques. « Ça vaut la peine de semer des graines, dit sa déléguée. Quand on a un jeune qui veut, c’est enrichissant et valorisant. »