MAXIME – « J’ai commis mes premiers délits en novembre 2020. Il s’agissait d’un incendie criminel et d’un vol, le tout perpétré à l’encontre de ma famille. »
INTERVENANT – Étant donné la gravité des délits, Maxime est détenu immédiatement, jusqu’au moment où le tribunal aura statué sur sa culpabilité et jusqu’au prononcé de la sentence. Il a reconnu sa culpabilité et, en mars 2021, il reçoit une peine de mise sous garde et surveillance de 18 mois, suivie d’une probation de six mois.
M – « Je suis fils unique. J’ai été adopté en Europe de l’Est à l’âge de trois ans et demi. Ma famille vit à la campagne et est propriétaire d’une ferme. Je n’ai jamais aimé la vie à la campagne et je suis allergique aux animaux. La relation avec mes parents, particulièrement avec ma mère, est de plus en plus conflictuelle depuis mon entrée au secondaire. Elle tente de m’encadrer et de m’imposer des limites strictes, particulièrement face à mon temps d’écran (cellulaire). Le soir de l’événement, ma mère m’avait encore une fois confisqué mon cellulaire. J’ai voulu passer un message à mes parents, me sentant victime de leur contrôle. »
INT – Dès l’arrivée de Maxime en détention provisoire, les objectifs d’intervention identifiés étaient : être capable de discuter de l’événement et prendre ses responsabilités, en plus de travailler la communication parents-adolescent et le décodage d’émotions chez autrui. Petit à petit, au fil des mois passés en détention et en mise sous garde, Maxime, avec l’aide des éducateurs, de sa déléguée à la jeunesse et de ses parents, a fait un énorme cheminement, et ses objectifs ont été au moins partiellement atteints. La famille a été capable de parler de l’incident et d’explorer son vécu. Les parents ont été sensibilisés aux défis que peut représenter l’adoption d’un enfant ayant vécu dans un orphelinat, c’est-à-dire les troubles de l’attachement et certains symptômes post-traumatiques. Profitant des conseils des intervenants au dossier, ils ont également appris à adapter leurs attentes et leur style de parentage avec un adolescent comme leur fils.
Maxime arrive difficilement à nommer ses propres émotions; il lui est donc encore plus difficile de décoder les émotions chez autrui.
Lors de son passage à l’Apprenti, l’unité où il a vécu pendant près de deux ans, Maxime est devenu bilingue (il était unilingue anglophone) et a obtenu son diplôme d’études secondaires.
À sa sortie de l’Apprenti, en septembre 2022, Maxime a laissé une lettre de 25 pages de remerciements au personnel de l’unité, pour leur soutien et leur accompagnement durant sa mise sous garde. Il y mentionne la capacité des éducateurs et des agents d’intervention de le faire rire, même dans la période la plus difficile de sa vie. Il souligne qu’il a appris le respect et la reconnaissance pendant sa mise sous garde. Il apprécie plus la présence de ses parents et ne tient pas tout pour acquis, comme il le faisait auparavant. Il dit avoir appris beaucoup sur lui-même; il apprend à nommer les choses, à donner son opinion et dire non. Avant, il acquiesçait à tout sans rien dire, même si la situation ou l’opinion de l’autre ne lui convenait pas. Il estime que la stabilité et l’encadrement reçus à l’Apprenti sont nécessaires à son développement.
Maxime est aujourd’hui un adolescent de 18 ans. Depuis sa sortie, le 16 septembre 2022, il vit au Belvédère. Il s’agit d’un appartement semi-autonome mis en place par le CISSS local. Une tentative de retour chez ses parents s’est soldée par un échec, malgré le cheminement de part et d’autre. Toutefois, la relation a évolué positivement et Maxime ne croit pas que cela aurait été possible sans l’aide et les conseils des professionnels qu’il a côtoyés durant son passage dans le système de justice pénale pour les adolescents.
Les services du Programme qualification des jeunes (PQJ) ont été mis en place afin de soutenir des jeunes comme Maxime dans leur cheminement vers l’autonomie. Toutefois, Maxime n’a pas su optimiser le recours à cette ressource. Il croit ne pas avoir besoin d’aide et être capable de jouir de son autonomie sans faire appel à des services, que ce soit ceux du PQJ ou le soutien que le Belvédère pourrait lui apporter.
M – « Mon défi majeur demeure l’emploi. Je travaille maintenant dans une quincaillerie. Aux yeux de ma déléguée, je profite bien de ma liberté et je n’arrive pas à trouver le juste milieu entre mes responsabilités et mon plaisir. Les liens que j’ai tissés avec certains jeunes lors de ma mise sous garde font qu’en communauté, je recherche ces mêmes jeunes, car je me sens accepté par eux. »
INT – Maxime n’a commis aucun autre délit depuis sa sortie.