Entrevue avec Karl, éducateur en garde fermée
Quelle est votre formation ?
J’ai un DEC en Sciences humaines, profil Individu, et un DEC en Techniques d’intervention en délinquance. J’ai également un certificat en intervention auprès des jeunes et un certificat en Sexualité. En ce moment, je suis en voie de terminer un certificat en Criminologie pour obtenir mon baccalauréat par cumul.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai fait mes stages de fin d’études collégiales comme délégué à la jeunesse. Après mes études en Techniques d’intervention en délinquance, j’ai été embauché au Centre jeunesse de Montréal en 2015. J’ai aussi travaillé sur appel au Centre jeunesse de Laval, de 2015 à 2017. En 2016, j’ai eu une affectation en garde fermée. Depuis, je n’ai pas bougé de ce milieu.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir de travailler dans une unité de garde fermée ?
La clientèle des jeunes contrevenants a toujours été celle avec laquelle j’ai voulu travailler. J’aime comprendre et analyser ce qui fait en sorte qu’un jeune est attiré par ce mode de vie marginal. J’aime aussi m’impliquer dans la vie de ces garçons. À l’hébergement, nous pouvons voir toutes les qualités et les défauts des jeunes, car ils vivent leurs émotions à 100 %. Ce vécu partagé me permet de mieux cerner leur dynamique et leur fonctionnement, puisque je suis impliqué dans toutes les activités auxquelles ils sont exposés durant la journée, que ce soit à l’école, à la cafétéria ou dans les sports, par exemple.
Quels sont les défis liés à votre pratique ?
Ce travail me demande d’assurer une vigilance plus rigoureuse que d’habitude auprès des jeunes. Il y a beaucoup de conflits entre eux, à l’extérieur et dans les unités. La clientèle des jeunes contrevenants peut être hostile face à l’autorité ; donc, il n’est pas inhabituel de rencontrer de l’opposition lors de nos interventions. Je dois constamment faire des liens avec les jeunes par rapport à leurs délits et parfois, leur manque de motivation à l’égard du changement peut être un obstacle.
Quels sont les aspects motivants de votre travail ?
Chaque quart de travail est différent. Ce milieu est tellement changeant qu’il n’y a pas deux jours qui se ressemblent. Le fait que les jeunes sont hébergés temporairement amène un roulement de la clientèle, ce qui modifie la dynamique du groupe et l’ambiance dans l’unité. Je suis donc constamment amené à créer des liens avec de nouveaux jeunes. Plusieurs activités leur permettent de s’épanouir et chaque intervenant apporte sa contribution. Cela nous permet de nous ajuster à notre clientèle, de varier nos approches et de grandir sur le plan professionnel.
Quelles sont les qualités que doivent posséder les éducateurs en garde fermée ?
Ces intervenants doivent être dynamiques, authentiques et polyvalents. Nous devons être vifs d’esprit, afin d’assurer une sécurité dynamique des lieux et de nous occuper des jeunes. Faire preuve de transparence dans nos paroles et dans nos actions témoigne d’une belle authenticité de notre part. Les jeunes nous observent beaucoup et se font un plaisir de nous souligner nos incohérences si celles-ci se présentent. En tant qu’intervenants, nous devons être en mesure de nous adapter et de nous ajuster le plus possible aux situations et aux jeunes qui se présentent à nous.